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On part le lundi 24 avril de la marina Martin Punta Gorda, sur nos vélos, impatients et pleins d'envie de découvrir cette île qui nous évoque de grands noms et révolutions mais dont on ne connait pas grand-chose au final. Première sensation ? L'excitation de retrouver la route, de sentir que je suis libre à nouveau d'aller où je veux, tant que mes roues m'emmènent plus loin. Je suis enfin vraiment libre de mes mouvements après tout ce temps passé dans l'espace confiné d'un voilier. On attaque la première montée avec le soleil qui tape, dur et brûlant, pas de vent, enveloppés d'un coup par la chaleur dégagée par la route d'asphalte. Arrivée en haut, je me retrouve à même hauteur qu'un homme assis sur sa charrette en bois, tirée par un cheval. Nos regards, amusés, se croisent. Je prends conscience qu'en débarquant à Cuba, il y a 2 jours, on est entré dans une autre réalité. Celle d'une île à l'histoire assez particulière. Un pays qui serait resté à sa manière hors du temps, unique, isolé du monde extérieur et de sa frénésie capitaliste. Il y a très peu de voitures d'ailleurs, bien qu'on soit en périphérie de la plus grande ville de la partie orientale de l'île, Santiago de Cuba. Pas de panneaux publicitaires, seulement les énormes affiches « viva la revolucion» avec photo de Fidel Castro. Pendant les 12 kilomètres qui nous séparent de la ville, je ne cesserai de jeter partout des regards curieux, impatiente de découvrir et d'en apprendre plus sur ce pays qui m'attire par ce que j'ai pu en entendre dire : de la salsa, une révolution, une politique anti-impérialiste, une agriculture biologique... Des sujets qui me parlent et qui me persuadent naïvement d'avance que je vais tout aimer de cette île. Je souris aujourd'hui en y repensant, après​ avoir fait 2000 kilomètres à vélo à travers le pays. En deux mois, j'apprendrai à découvrir Cuba sous un autre angle. Beaucoup de rencontres, de surprises, d'aventures, de désillusions m'attendent. Cuba, mi amor, j'espère trouver les mots justes pour te décrire telle que tu m'es apparue.

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On passe 5 jours tranquilles à Santiago de Cuba. On se repose, on s'acclimate, on sort. Je dois dire que niveau salsa, je ne suis pas déçue. Un couple de salseros nous offre une performance, un soir, dont je pense, je me rappellerai toute ma vie. J'en suis restée bouche bée... Les rues cubaines m'apparaissent vivantes, chaudes et colorées. Bruyantes aussi... ou est-ce ces longs mois de voilier qui m'ont fait oublier ce qu'est le tumulte d'une ville ? On finit par quitter la vie citadine pour se lancer dans une nouvelle aventure : rejoindre la Havane à vélo. On décide d'emprunter la route qui part à l'ouest et longe la côte sud, entre la mer d'un bleu profond et les falaises de la fameuse Sierra Maestra, recouvertes d'une dense végétation qui a autrefois servi de repère aux guérilleros pendant la révolution. Très vite, on est agréablement surpris par l'absence de bruit, le trafic routier étant quasi inexistant. Sous un soleil éclatant, le vent nous pousse sur la route plate, au rythme du vol de centaines de papillons, qui virevoltent tout autour de nous. De temps à autre, un troupeau de chèvres ou de moutons traversent la route ainsi que des rivières, belles et fraîches, parfaites pour se rafraîchir après l'effort.

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Le 1er mai c’est la journée du Travail un peu partout dans le monde. A Cuba, c'est un jour important. Tous les travailleurs ont congé mais pourtant, on apprend qu'ils sont tous censés participer au défilé du jour. Si un des travailleurs manque à l'appel, il peut être dénoncé de son absence par un collègue, voisin ou autre et se voir recevoir une amende... C'est le jour du Travail et ici, le fruit de ton travail appartient au gouvernement, à la Patrie. Avant tout, tu te dois de montrer ton soutien à Fidel Castro et au Parti. « Patria o muerte, venceremos !» (La Patrie ou la mort, nous vaincrons !), comme il dit... Ce jour-là, on se réveille à Chivirico au chant de l'Internationale et de musique. On passe par la foire del primero de mayo local. Il y a tout le village. Enfants sur des manèges bricolés, des jeunes qui se draguent, des stands de babioles, des vieux, des moins vieux, de la musique, refrescos, pizzas et cerbezas. Le soleil brûlant pousse les gens à ouvrir leur parapluie pour se faire de l'ombre, pendant qu'on fait la queue depuis déjà 30 minutes pour des pizzas. Du reggaeton sonne à plein volume. Certains dansent et boivent la bière artisanale local pendant que d'autres discutent, mangent et profitent d'être en famille. Ça me fait penser aux kermesses de chez nous, à une fête de village bien vivante et arrosée.

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Plus loin la route ressemble davantage à une piste, parfois. Les habitations qu'on croise ont l'air de plus en plus pauvre aussi. C'est après une longue et chaude journée sur nos vélos qu'on arrive à Marea del Portillo, petite ville entre mer et montagne qui abrite un mouillage pour les touristes en voilier. On s'y arrête affamés, en quête d'une quelconque nourriture. Une dame qui tient un stand de bracelets dans la rue, nous vend en cachette du miel dans une petite bouteille en plastique, produit des ruches d'un ami du coin. Le boulanger refuse, sans qu'on ne comprenne pourquoi, notre argent et nous offre généreusement du pain. Un produit qui est ici à Cuba, rationné ; comme le café, le sucre, le riz et autres. La cafétéria n'a elle plus que des plats de riz blanc à proposer. On nous avait prévenu, on le voit maintenant de nous-mêmes : il n'est pas facile de toujours trouver où faire ses courses à Cuba. Pourtant, de bons repas, on en trouvera dans ce qui a l'air d'être le seul restaurant du coin. Les clients qui l'occupent ont l'air de sortir tout droit du monde parfois hautain des marinas. A ma gauche, un groupe de québécois mangent tout en critiquant la restauration cubaine, qui serait mauvaise, ainsi que le service, trop lent... A ma droite, une blonde de 60 ans, très sophistiquée, accompagnée d'un jeune cubain d'au moins 30 ans son cadet. Tout dans leur façon d'être, tellement fausse et superficielle, me donne l'impression que soit le jeune est payé pour jouer « l'amoureux transi». Ou alors c'est lui qui la piège et l'utilise comme un éventuel ticket de sortie du pays, elle, n'y voyant que du feu... Dur à dire comme ça. En revanche, ce qui est certain, c'est que cette scène me confronte à une réalité qui se confirmera encore par la suite : L'économie cubaine ne peut survivre sans le tourisme étranger. C'est une nécessité pour sa survie que le touriste vienne y dépenser ses sous d'une manière ou d'une autre. A tel point que le gouvernement est par exemple prêt à interdire aux cubains de tuer une vache (même si c'est la sienne) sous peine d'être condamné à de nombreuses années de prison, plus que si c'est un homme qui est tué ! Pourquoi ? Parce que de manière générale, le touriste est friand de viande de bœuf et le commerce international aussi. Parce que la vie d'une vache rapporte plus que celle d'un homme. A Cuba, pendant que les étrangers mangent ce qu'ils veulent dans les restaurants, des cubains font encore la queue dans les «bodegas»...

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Après s'être rassasiés, on quitte le restaurant à la tombée de la nuit pour chercher un endroit où mettre la tente. Très vite, un homme sort de l'obscurité et nous demande ce qu'on cherche. Il nous invite à nous installer pour la nuit sur son terrain où il cultive du yuca (manioc local). Il y a un puit et une vieille cabane en bois, en piteux état. C'est là que vit Raul, 75 ans. Le vieil homme puise de l'eau pour qu'on puisse se laver et nous propose gentiment de partager sa demeure pour la nuit. On y serait à l'abri des moustiques grâce à son vieux ventilateur aux 3 branches cassées, qui tourne au ralenti. On décline poliment, sachant qu'on sera bien mieux dans notre tente, qui elle, ne laissera pas entrer les millions de moustiques qui sont en train de nous dévorer, inlassablement... Une fois installés, on s'assied avec Raul, fumer une cigarette.

 

Au cours de la conversation, on lui avoue qu'on vient d'un pays où les manguiers ne poussent pas. S'en suit alors une réaction en chaîne étonnante. Raul, croyant du coup qu’on n’a jamais goûté à une mangue, nous propose de le suivre chez un ami dans le village, qui nous en donnera. Mettant de côté le malentendu, on le suit malgré notre fatigue. On arrive en fait chez le propriétaire du terrain de yuca. A défaut de mangues, il nous offre des concombres. Les mangues, il nous les apportera plus tard à la tente, accompagné de son jeune fils. Le lendemain​ matin, alors qu'on plie le campement, un autre vieil homme, Luis 83 ans, arrive avec sur l'épaule, un baluchon remplis de mangues. Elles sont pour nous.

Sans qu'on ne demande rien, ces gens nous offrent un terrain où dormir et de la nourriture. Il y a tellement de mangues qu'on est obligé d'en refuser, ne pouvant charger les vélos d'un tel poids supplémentaire, aussi goûtu soit-il. Toute cette histoire nous fait découvrir un aspect clé du mode de vue cubain : la solidarité. Ici, même si on a peu, ce qu'on a on le partage. Faut-il y voir une preuve de l'efficacité de la politique socialiste du pays ou juste un acte humain, un sens du partage issu d'une vie à la dure où l'on ne possède quasi rien ? A ce moment-là du voyage, cette question en soulève alors beaucoup d'autres dans mon esprit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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On quitte les deux vieillards avec leur confirmation que la route qu'on s'apprête à emprunter pour traverser la Sierra Maestra est en asphalte et bien praticable à vélo. Pourtant, après 20 minutes, je me dis que leur mémoire a dû leur faire défaut. On se retrouve face à une montée très raide, en terre. La « route » est creusée, pleine de trous, défoncée. Très vite, on arrive même plus à pousser chacun notre vélo. On se met alors à pousser à deux, chaque vélo sur 100 mètres. On s’arrête. Puis on descend chercher l’autre et on remonte. Il fait très chaud, on transpire beaucoup. Mais le pire, ce sont les moustiques, nos éternels ennemis, ils sont des centaines autour de nous. Malgré la chaleur, on se couvre le plus possible pour s’en protéger. C’est très dur. On fait beaucoup de pauses et on espère à chaque virage que ça va s’arrêter de monter.  Heureusement on a assez d’eau pour tenir jusqu’aux premières maisons où les habitants remplissent à nouveau nos gourdes. Après quelques 9 km en 8 heures d’efforts, on n’en peut plus… Un homme va même nous aider à avancer dans cette ultime pente si raide qu’elle n’en finit pas, avec sa mule. Accrochant à l’aide d’une corde notre vélo à sa monture, lui dessus, il tire nos vélos l’un après l’autre sur 300 mètres pendant qu’on le tient par le guidon, s’efforçant malgré la fatigue de suivre le rythme énergique de l’animal. On roule encore 500 mètres et on s’effondre, épuisés, à côté du portail d’une jolie petite maison. En sort alors une femme qui m’interpelle. Elle nous invite avec douceur à entrer chez elle. Yamila, elle s’appelle. Comme un ange gardien après cette montée infernale, elle nous accueille dans son petit paradis. Installés sur des chaises à bascule, elle nous apporte de l’eau. Puis des fruits. Et un café. Puis finalement, elle nous propose de rester pour la nuit et de nous cuisiner du poulet. Elle attrape alors d’un coup une de ses poules par les pattes et va l’accrocher plus loin. Je comprends vite que cette brave bête sera notre repas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Yamila, 41 ans, mène une vie simple et isolée dans sa petite ferme qu’elle occupe avec son mari (alors absent). Ils possèdent quelques animaux : chèvres, cochons, dindons, poules, chien, mule… Il n’y a pas d’électricité ni d’eau courante. On se lave avec des sceaux et les toilettes sont sèches. La cuisinière fonctionne au gaz et ils utilisent le feu aussi. Très peu de biens matériels. Rien de superflu. Ici, tout est utilisé. Rien n’est jeté. Ils ont peu mais ne sont pas miséreux ni malheureux. Au contraire, une sorte de sobriété heureuse émane de cet endroit. Derrière la maison, il y a comme une cour entourée d’arbres fruitiers : des bananiers, papayers, avocatiers et un imposant manguier au centre. Les poules et les dindons se baladent librement tandis qu’on entend les autres animaux dans leurs enclos, juste un peu plus loin. Dans le fond, on voit la silhouette des cocotiers se découper dans le soleil couchant. C’est beau et paisible. Partageant notre enthousiasme avec Yamila, celle-ci nous invite à rester chez elle une journée de plus pour avoir un aperçu de son quotidien, pour partager avec nous le temps d’une journée un peu plus de cette vie calme et isolée. Une vie loin des villes et de la consommation, sans besoin matérialiste ni superficialité. Une vie qui d’une certaine manière, ressemble à celle à laquelle on aspire. On passera de beaux moments de partage avec Yamila. Cette femme me touche par son authenticité, sa générosité et la confiance naturelle qu’elle m’inspire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cette rencontre est la première d’une longue série pendant notre aventure en terre cubaine. Des personnages hauts en couleurs qui à travers échanges et discussions, nous aideront à comprendre Cuba et son histoire complexe, nous permettant d’y voir plus clair dans ce pays où la vérité est souvent à double tranchant.

On ressort de cette aventure de quelques jours dans la Sierra Maestra, épuisés par la difficulté de la route mais riches de cette leçon de persévérance et d’entraide. Cette route, qui relie Marea del Portillo à Bartolomé Maso, est certainement la plus mauvaise qu’on ait prise jusqu’ici mais elle nous a permis d’apercevoir le Cuba profond, « el Cuba real », comme ils disent.

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On poursuit notre voyage en passant par la ville de Las Tunas et ses campagnes marquées par l’industrie agro-alimentaire. Dans cette région où les paysages sont faits de boue, de champs et de rizières, une première illusion tombe : non, l’agriculture cubaine n’est pas 100% biologique. On a pu en effet observer des petits avions répandre des produits chimiques sur des champs. Des paysans du coin nous informent que ces cultures sont gérées par le gouvernement et servent à l’exportation. On rencontre aussi un jeune paysan dont le travail consiste à répandre toute la journée du produit chimique dans une plantation de cannes à sucre. Un produit toxique qui empoisonne chaque jour son corps et lui rougit les yeux… Il semblerait que lorsqu’il s’agit de profit, le gouvernement castriste, pourtant proclamé haut et fort comme anticapitaliste, semble soudain avoir les moyens nécessaires de faire « ce qu’il faut » pour entrer dans le jeu compétitif du marché international… On apprendra cependant que l’agriculture biologique existe à Cuba, principalement dans des jardins appelés « organoponicos ». Ce sont de grands potagers en bordure des villes et villages. Issus de la période spéciale, ils garantissent aux cubains de pouvoir se procurer toute l’année fruits, légumes et plantes médicinales. Un système efficace de production maraichère locale et bio. Même si ce système a commencé à être appliqué plus par nécessité que par conscience écologique, le résultat est exemplaire. De quoi inspirer et donner naissance à de belles initiatives de par le monde.

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On décide de rouler ensuite jusqu’à Santa Lucia, sur la côte atlantique pour aller jeter un coup d’œil à ses interminables plages de sable blanc à l’eau cristalline. Loin d’être déçus par la beauté de ces plages sauvages de bout du monde, on est quand même très vite surpris d’une chose : la mer est vide. Pas de bateaux ni quelconques embarcations de pêcheurs… On apprend qu’en fait la mer est très contrôlée à Cuba. Le gouvernement veut s’assurer qu’aucun Cubain ne parvienne à s’échapper de l’île pour rejoindre clandestinement les USA par la Floride, située seulement une centaine de kilomètres au nord. Pourtant, certains tentent tout de même leur chance. En équilibre sur des chambres à air de camions, ils se lancent, se laissant dériver toujours plus loin vers le large, vers l’espoir d’une vie plus libre. Beaucoup ont perdu la vie ou se sont fait arrêter par la police cubaine, ramener et jeter en prison… C’est le cas de Felix, 53 ans, un cycliste à haute voltige, qu’on rencontrera quelques semaines plus tard à la Havane. Après 3 tentatives infructueuses sur une de ces sommaires embarcations, il survécut mais fut arrêté et condamné à 5 ans de prison ferme.

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L’image idéalisée que je me faisais de Cuba et de sa révolution héroïque commence à s’effriter… Fidel m’apparait plutôt petit à petit comme un vieux fou tyrannique, un chef d’état qui n’a jamais voulu céder son trône pendant plus de 60 ans de règne absolu.

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Notre voyage se poursuit dans la province du Camaguey avec des paysages secs. On traverse des « forêts » de marabù, un arbuste très épineux qui envahit le bord des routes. Une chaleur assommante nous accompagne jusqu’à la petite ville d’Esmeralda. On y fait quelques courses qui nous prennent bien sûr, bien plus de temps que prévu, car ici pas de supermarchés. On est baladé d’une ruelle à une autre par les locaux qui nous indiquent gentiment que pour l’huile, c’est par ici, les légumes, par là et les œufs, là-bas. On sort finalement de la ville avec de quoi manger et épuisés par cette longue journée, on installe la tente au milieu de bananiers, devenant alors invisibles depuis la route.

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Le lendemain, notre direction bifurque sud-ouest pour rejoindre quelques jours plus tard, Ciego de Avila. Pas loin du village nommé Primero de Enero, on s’arrête manger dans une area de descanso (aire de repos), tenue par un vieux monsieur. Des photos de Fidel, du Che et de la révolution tapissent le mur tandis que 2-3 livres poussiéreux se courent après sur l’étagère qui sert de bibliothèque. Nous voyant regarder, notre hôte vient nous raconter son passé de jeune soldat au sein de l’armée cubaine. Il est allé se battre à l’époque en Angola, pendant 27 mois. Il semble un peu hanté par ce qu’il y a vu et nous confie qu’il ne comprend pas les humains qui s’entretuent pour des idées. Pourtant, il nous parle de Fidel et de sa révolution la voix tremblante et le regard nostalgique. Il est touchant ce petit vieux, un peu à l’image de son pays : accueillant et bon mais un peu en retard avec son temps, comme bloqué dans le passé, prisonnier de sa propre histoire. Malade et à moitié sourd, il travaille encore… Il a l’air seul mais pas malheureux. En tout cas, il ne se plaint pas. Entre deux silences, il nous confie qu’il aime beaucoup les étrangers, qu’il est content qu’on apprécie l’endroit, car il l’a décoré lui-même. Il peint et aurait été photographe dans une vie passée. On cuisine et mange pendant qu’il nous parle puis on reprend notre route, le laissant là, seul, assis sur son banc le regard perdu dans des souvenirs lointains, comme un gardien éternel de la Révolution.

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Plus loin, on tombe sur une autre area de descanso, avec un énorme et magnifique potager. On rencontre alors Ricardo, 53 ans, le jardinier. Il s’occupe seul des 100 mètres carré de cultures, du verger de citronniers, des lapins et de l’entretien. Il nous fait visiter tout en ramassant pleins de légumes qu’il nous offre spontanément. Ricardo nous explique que ces endroits sont mis en place pour les travailleurs des champs de cannes à sucre. Ceux-ci peuvent venir ici pour manger et se reposer lors de leur pause de midi. Il y a une cuisine, des tables, de l’eau. Son rôle est de rendre la parcelle la plus productive possible à moindre coût. Pour ce faire, il travaille 7 jours sur 7 de 6h00 à 17h00, pour un salaire de 30 CUC (environ 30 Euros) par mois. Il finira par nous inviter à passer la nuit dans sa maison du village voisin. Malgré l’interdiction d’héberger des étrangers pour la nuit, il cuisinera pour nous et insistera pour qu’on partage la chambre de ses fils, 13 et 17 ans, proposant même dans un premier temps, de nous céder le lit qu’il partage avec sa femme…

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Tôt le lendemain, on quitte cette sympathique famille pour rejoindre Ciego de Avila, où on arrive trempés jusqu’aux os ayant parcouru plus de 50 kilomètres sous une pluie incessante. Notre première douche tropicale ! On prend une chambre quelques jours dans cette charmante ville pour se reposer mais surtout pour y faire notre demande d’extension de visa, car ça fait déjà bientôt un mois qu’on est à Cuba. Face à la lenteur de la bureaucratie cubaine, on s’arme de patience et on attend. Notre extension finalement en poche, on s’en va pour Sancti Spiritu, qu’on atteint après une belle journée avec vent dans le dos.

 

On continue direction Trinidad. On décide de faire escale en chemin à Playa Tayabacoa pour y passer une ou deux nuits. Après Banao, on bifurque pour Pojabo. On s’arrête demander de l’eau chez quelqu’un quand une dame me dit qu’on ne devrait pas continuer. Avec sa famille, ils seraient allés deux semaines plus tôt à la plage et celle-ci était recouverte d’algues et la route est en très mauvaises état. On hésite… Ils nous disent alors que ça doit être possible d’y aller à vélo mais qu’il ne faut surtout pas qu’il pleuve sinon la route deviendrait inondée, impraticable et on se retrouverait alors coincé sur la plage, car on a accès à celle-ci par un unique chemin en terre depuis le village El Caney. La route n’étant pas si longue, tentés par l’aventure, on se lance ! Malgré les trous et la terre, on avance assez bien jusqu’au dernier village. Puis sur la dernière ligne droite, à seulement une poignée de kilomètres de la plage, la route devient vraiment mauvaise, pleine de flaques, de boue, bordée par du marabù et ses fameuses épines… On pousse les vélos. Il fait très chaud. Les moustiques débarquent en force. Puis, l’ultime flaque qui recouvre toute la largeur du chemin. On parvient à se frayer un passage sur le côté en coupant les branches épineuses. On glisse dans la boue, on se griffe aux épines pendant que les moustiques nous dévorent… Pour se retrouver 100 mètres plus loin face à une autre flaque cette fois infranchissable. Cherchant une solution, j’emprunte à pied un petit chemin qui part à droite accompagnée furtivement par d’énormes crabes cachés dans les fourrés. Un énorme bâtiment à l’abandon se dresse alors devant moi, rempli de végétation. On décide de s’y installer pour la nuit. Une heure plus tard, le ciel se couvre, il commence à venter. Ce qu’il ne devait pas se passer, arrive. Il pleut à torrent… Face à l’invasion massive de millions de moustiques, on se réfugie vite dans la tente installée à l’abri dans une salle de classe, le bâtiment étant en fait, une ancienne école abandonnée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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On finit par s’endormir aux sons des grenouilles, divers insectes, oiseaux et autres, croisant les doigts pour que demain la route ne soit pas complètement inondée pour pouvoir rebrousser chemin… Le lendemain, équipés et complètement couverts pour braver épines et moustiques, on se lance sur le chemin du retour. Malgré le soleil qui tape, c’est toujours très inondé et rapidement, on s’embourbe dans la boue. Les vélos ont les roues bloquées par la terre. On pousse, on porte, on galère mais on avance. On finira par rejoindre la route principale, recouverts de boue de la tête au pied. Compris, la prochaine fois on y réfléchira à deux fois.

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Avant d’atteindre Trinidad, on traverse la vallée de los Ingenos, où la nature est très verte et abondante. Les montagnes de Guamuhaya se dessinent à l’horizon. C’est splendide. Alors qu'on espérait atteindre Trinidad avant la nuit, on décide de s'arrêter et de faire les 20 kilomètres qui nous restent demain. On commence à décharger les vélos quand un homme vient à nous. Pour lui, pas question qu'on campe ici, quelle idée ! Il nous invite plutôt à planter la tente à côté de sa maison, à 500 mètres. Tout de suite le courant passe, il nous fait rire. C'est un marrant, Rolando. Il n'arrête pas d'enchaîner des blagues que des fois, on ne comprend pas mais auxquelles on rigole toujours. Il nous présente sa femme, Onilda, forte avec un regard perçant mais amicale. Et sa fille, Yobalis, 17 ans. Ils sont blancs et elle noire. Pour toute explication, une blague de Rolando : elle est née pendant la nuit c'est pour ça. Et tout le monde rit. J'en déduis que c'est sa fille adoptive. Pendant qu'on partage tous ensemble un délicieux repas qu'Onilda a cuisiné, on se pose réciproquement des questions sur nos pays. Rolando est en colère contre la politique de Cuba, qu'il trouve trop dure et injuste. Il affirme que le gouvernement les contrôle beaucoup, surtout dans leur travail. Lui, producteur de lait, est obligé de verser une partie de sa traite au gouvernement. Sa femme, vendeuse de souvenirs pour les touristes, s'est vue recevoir une fois une amende de 700 pesos national car elle parlait avec une collègue du stand voisin et a « été vue »... Il poursuit en critiquant l'économie, la politique, et ci et ça, s'exclame que si un jour il parvient à sortir du pays, jamais il ne reviendrait !  Pourtant, après cette apologie négative de Cuba, il dit que Fidel est un homme bien. Son frère Raul est un hijo de ****, mais Fidel, non. Je lui demande pourquoi il aime cet homme puisque c'est lui qui a dirigé le pays pendant plus de 60 ans. Sa réponse : «Fidel, c'est un homme bien et il sait bien parler.». Je n'insiste pas, même si je ne comprends pas cette contradiction, qu'on avait d'ailleurs déjà trouvée chez Yamila. Les jeunes cubains critiquent pour la plupart assez ouvertement Fidel mais pas les plus âgés. C'est comme si, malgré tout fiers de leur pays et de leur culture, ils ne pouvaient se résigner à critiquer leur chef, le père de la Patrie, symbole faussement héroïque de leur «indépendance». Avant d'aller se coucher, notre ami propose de nous emmener se baigner le lendemain à la rivière. En chemin pour la baignade, installés avec Yobalis et Rolando sur la charrette tirée par son brave cheval, nous croisons un policier. N'étant pas censé partager ce genre d'activités avec des étrangers, Rolando blêmit, peste et nous demande de dire qu'on est de la famille si jamais le policier lui cherche des ennuis... Heureusement, on le quittera sans problèmes après beaucoup de remerciements pour son accueil chaleureux.

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Après plus d’un mois dans l’ouest du pays, partie réputée comme la moins touristique et développée de l’ile, quelle n’est pas notre surprise en débarquant à Trinidad. En effet en un mois, on a rencontré seulement quatre étrangers : un couple de cycliste suisse et deux auto-stoppeurs allemands. Ici, ça parle français, italien, allemand, anglais. Tout est organisé pour les touristes et les prix s’envolent. On y passe quelques jours à faire un peu la fête, à rencontrer des jeunes cubains et étrangers, on passe du bon temps. J’avoue que ça me fait du bien de retrouver un semblant de vie un peu «comme chez nous».

 

Mais tout ça est éphémère. L’appel de la route est plus grand et on remonte sur nos montures avec comme plan de se rendre à Santa Clara en passant à travers les montagnes de Guhamuhaya. Après 42 kilomètres sous une chaleur terrible et beaucoup de dénivelée, on s’élance dans une grande descente jusqu’au Rio Seilbabo où on devrait pouvoir se baigner et on espère, monter notre campement. Il y a du monde à la rivière. On n’a pas pensé mais c’est samedi. Du coup, beaucoup de familles sont en sortie et le « campissmo » (camping local) qui se trouve juste à côté est plein. A peine on s’approche de la rivière, tout le monde nous regarde. Les regards sont un peu méfiants, surpris mais pas méchants. Décidant de les ignorer, on se baigne enfin dans l’eau fraiche et peu profonde. Des petits poissons viennent rapidement nous mordiller les peaux mortes. Alors qu’on se détend, un père de famille vient à nous pour partager la fin de sa bouteille de rhum. Sa femme, puis leurs enfants nous rejoignent assez vite. Le père, un peu ivre, a envie de discuter. Ils nous parlent de leur travail dans une entreprise de tabac. A eux deux, en une journée, ils roulent environ 150 cigares pour un salaire de 30 CUC (environ 30 Euros) par mois… Un seul de ces cigares se vend minimum 20 Euros en Europe. Tout l’argent revient au gouvernement. Ils nous confient leur colère de voir leurs dirigeants s’en mettre plein les poches sur leur dos. Je leur demande : « Pourquoi les ouvriers ne protestent-ils pas, ou ne font-ils pas grève ? »  « Ici, on ne peut pas faire ça… » me répond sa femme, avec un regard qui en dit long. On apprendra par la suite que les cubains ne manifestent pas contre le gouvernement car ils ont peur. Les courageux qui se font surprendre en train de « comploter » contre le gouvernement, même s’ils sont pacifiques, sont jugés contre-révolutionnaires, et disparaissent… Ils se font arrêter et leurs proches ne les revoient jamais. Ils croupissent en prison ou pire. On dit que certains reçoivent une « piqûre » et s’endorment pour ne jamais se réveiller….

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Alors qu’on pensait camper là, au bord de la rivière, le père nous invite et insiste pour qu’on dorme dans la chambre qu’ils louent au « camping ». On répond qu’on ne peut pas accepter car on nous avait dit que ce sont des lieux réservés exclusivement aux cubains. Il insiste alors on le suit. Notre hôte, maintenant ivre pour de bon, tente de parlementer et de convaincre le gardien, en vain. Alors que le ton commence à monter, on coupe court à la dispute en partant sans faire d’histoires malgré l’insistance de notre ami qui ne veut pas lâcher l’affaire. On espère juste qu’il n’aura pas de problèmes plus grave à cause de cet incident… Il faut donc remonter sur les vélos et attaquer une grosse pente raide pour s’éloigner du lieu, sur ordre du gardien. On est fatigué mais heureusement après 500 mètres, on voit une maison avec un terrain plat. On s’arrête pour demander si on peut y mettre la tente. Un homme sort accompagné d’un jeune policier, qu’a l’air, lui aussi, d’avoir bien pris de la bouteille. Pour le propriétaire (sobre), pas de problèmes, on peut s’installer. On commence à décharger quand le policier vient nous demander les passeports. Il passe près de 15 minutes à essayer de déchiffrer nos noms, âges… Au début, je le regarde, j’attends, un peu amusée, car il est en fait complètement ivre. Puis je commence à perdre patience quand il me rend puis me redemande trois fois les passeports, prend dix minutes pour recopier mon prénom, demande quelle est ma date de naissance puis me montre du doigt mon nom de famille en me demandant si c’est bien ça la date… Il est tellement ivre qu’il ne tient pas debout et moi, je suis fatiguée et j’ai faim, alors son cirque ça va bien deux minutes mais moi, j’en ai marre. Je lui dis que je ne comprends pas ce qu’il veut. Il finit par demander qu’on aille les trois à l’intérieur pour s’assoir tranquillement à une table et tout recommencer. C’est repartit… Il finira par nous laisser tranquilles après 30 minutes d’un intense déchiffrage de nos passeports. Elle est belle la police… Tu parles. Un sketch !

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Après plus d'un mois sur l’île, on s’est habitué à rouler sous le soleil des tropiques, on se sent plus à l’aise et confiant dans notre voyage à vélo ainsi que dans nos rapports avec les locaux. Je ressens d’ailleurs chaque fois beaucoup de gratitude pour ces personnes qui nous ont aidés, accueillis ou hébergés. J'ai été touchée que ce soit souvent avec humour et un brin de désinvolture qu’ils nous parlaient de leur vie, de leurs espoirs, de leur déception et aspirations. J’admire leur persévérance, leur volonté de ne jamais cesser d’avancer, de créer et de s’adapter malgré la frustration d’évoluer sous la coupole d’une politique totalitaire (pour ne pas dire dictature) qui, à travers maints contrôles et contraintes, leur impose une vie privée de la possibilité d’entreprendre, sans liberté de mouvements.

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A Santa Clara, on passera voir le mémorial du Che. Encadré de barrières et d’échafaudages, celui-ci est en travaux de rénovation. On se marre. Ils en font tellement avec le Che et la révolution qu’à nos yeux, ça en devient absurde. Et la révolution, c’est pour quand sa rénovation ?

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Depuis Santa Clara, on rejoint tranquillement en quatre jours la ville de Matanzas. Le lendemain, il est 9h00, on est prêt et il ne reste que 100 kilomètres jusqu’à la Havane. Allez, on le tente ! On arrivera en fin de journée au centre de la Havane sous la pluie, après 115 kilomètres parcourus. Record battu ! On vient surtout d’atteindre notre objectif Santiago de Cuba – la Havana, on est contents.

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On reste une grosse semaine dans la capitale à se reposer. On revoit aussi les suisses qu’on avait rencontrés plus tôt dans le voyage. On ira rendre visite tous ensemble à Felix, un cubain de 53 ans, ex-détendeur du record du vélo le plus haut du monde. On vient les quatre de la part de Claude Marthaler, un cycliste écrivain-voyageur genevois, un ami en commun qui avait rencontré Felix lord de son voyage à Cuba en 2013 à partir duquel il a écrit son livre « Confessions cubaines ». Felix, c’est un personnage ! Quelle énergie ! On rencontre sa femme aussi, Francesca, beaucoup plus calme. Felix nous montre ses vélos qu’il a bricolé lui-même, nous parle de lui, de sa vie, de Cuba. Il nous dit avoir fait 21 ans de prison. 17 pour avoir acheté un lecteur DVD volé pour sa sœur handicapée, 5 pour avoir tenté de fuir à 3 reprises Cuba par la mer. La première raison me laisse perplexe mais quand je l’écoute et le voit parler de cette expérience avec tant de vigueur et de colère contenue, je ne peux que le croire. Pour une fois, on a devant nous un Cubain qui a tellement de rancœur envers le gouvernement qu’il n’a pas peur de mâcher ses mots et de dire les choses telles qu’elles sont vraiment. Il critique Fidel Castro et sa politique mensongère, les excès de contrôles, le manque de liberté, le maintien du pays dans un état précaire, la corruption… Puis son visage s’illumine quand il se met à nous parler de son rêve, qui se révèlera être presque une obsession : faire le parcours du Tour de France avec sa haute bicyclette. Mais pour ce faire, il a besoin que quelqu’un en Europe l’invite. Les cubains ne peuvent se rendre que dans une poignée de pays sans « invitation », comme la Russie, la Guyane ou le Venezuela. Pour le reste, il leur faut être invité officiellement par un résident. Felix dit avoir l’argent pour le billet mais a besoin d’aide pour l’invitation et tout le reste. Sur quoi, il se remet à pester contre le gouvernement à haute voix. Franci, sa femme, lui rappelle doucement de ne pas crier si fort, on pourrait l’entendre…

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Pour les 10 jours qu’il nous reste avant notre départ en avion pour le Canada, on décide de parcourir le reste de l’île jusqu’à Vinales. A l’aller, on longe la côte, puis on revient par les montagnes en passant par Soroa, avec ses superbes cascades et piscines naturelles.

 

On finit notre périple cubain sur l’autoroute, sous une pluie diluvienne. C’est tout mouillé qu’on est de retour chez Felix, qui nous avait proposé de rester chez lui pour nos deux derniers jours à Cuba. Sa cousine, avec son mari et leur fils de 5 ans, sont là aussi en visite. Accueillis comme leurs enfants, on va vite se sentir en famille. Sa cousine lave tous nos habits, Felix lave mes chaussures, ils nous servent à manger, nous offre un lit… On est d’abord un peu gênés, leur disant qu’ils n’ont pas besoin d’en faire autant mais ils sourient et répondent que ça ne les dérange pas. Avant de les quitter, on les invite à manger au fameux buffet chinois dont Felix n’arrête pas de parler. Pour 8 CUC par personne (environ 8 Euros), c’est buffet à volonté. Rien d’exceptionnel à nos yeux mais pour eux c’est très cher. Il faut donc rentabiliser un maximum. Suivant les instructions de Felix, on ne mangera rien de toute la journée pour débarquer à 18h00, affamés, le ventre vide, sûrs d’avoir assez de place pour se goinfrer. On ressort du restaurant deux heures plus tard avec des ventres énormes, arrivant à peine à marcher. Felix fait moins le malin. On le retrouve étalé de tout son long dans le salon… Il a trop mangé. J’en ris encore.

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On quitte finalement notre petite famille les larmes aux yeux. Ces derniers jours en leur compagnie représentent tellement bien ce voyage à Cuba. Ici, on passe du rire aux larmes tout le temps. La vie est dure mais on a appris à en rire. On donne de l’amour et on sait se laisser vivre. « No es facil » mais on sourit et on continue. Toujours.

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Cuba mi amor,  Hasta la vida siempre !

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